IA comme un truc qui cloche…

Aussi envahissante qu’un ex qui slide dans les DM, l’intelligence artificielle est partout, à commencer par nos routines beauté. Et perso, ça me dépasse. Est-ce que cela fait de moi une vieille bique ? Probablement.

L'avis d'Adèle
3 min ⋅ 13/11/2025

À peine une semaine d’existence, un jour de retard dans le rythme de publication, et je râle déjà dans cette newsletter. Pardonnez-moi, mais tout m’irrite : les crédits Classpass qui défilent plus vite que mes allocations chômage (je vote pour que les banques proposent des emprunts dédiés aux salles de sport parisiennes, ça ira plus vite), Chrishell qui annonce qu’elle ne sera pas dans la prochaine saison de Selling Sunset, et tous les contenus faits à base d’IA qui envahissent mon feed. Outre le fait que je partage ma vie avec un illustrateur au bord du malaise vagal dès qu’il voit une image générée par une intelligence artificielle, la place que prend ce phénomène dans le monde, et plus particulièrement de la beauté, me sidère.

Qu'il s'agisse de diagnostics dermatologiques basés sur l'IA ou d'influenceurs beauté entièrement générés par des algorithmes, les robots sont à priori partout, même au tréfonds de notre tube de crème. L’Oréal, par exemple, a lancé l’année dernière Beauty Genius, « un assistant personnel de beauté doté de l'IA disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans la poche des consommateurs ». Lancôme, Holidermie et tant d’autres proposent des diagnostics personnalisés, qui de mon point de vue automatisent le métier des conseillères en boutique. En gros, les rendre aussi utiles que le coiffeur de Bruce Willis.

Et des métiers menacés, il y en a à la pelle, comme celui des dermatologues (encore faudrait-il qu’ils débloquent des RDV sur Doctolib, ndlr), ou encore celui des vendeuses censées orienter en boutique. Dernièrement, le spot télévisé de Samsung faisait la pub de Galaxy AI, une intelligence artificielle de smartphone prodiguant aux consommatrices d’un magasin de cosmétiques toute sorte de produits répondant à leur problématique. Je vous le donne en mille : derrière la caméra, il y avait une armée de marchandes en PLS. Et puis dans un autre domaine, il y a aussi mon métier, celui de journaliste, qui est en voie de disparition à cause d’un certain Chat GPT. « Mais non, c’est juste un assistant » diront les fervents défenseurs de cette plateforme qui utilise un demi-litre d’eau à chaque prompt. Mais dans la mesure où cette IA ne peut ni faire des tournures de phrase stylées, ni conseiller de la manière la plus safe possible à chaque question, je ne vois plus où est l’intelligence.

Ce qui m’effraie le plus dans tout ça, ce sont sans conteste les faux influenceurs (déjà, les vrais… Non je plaisante. Enfin, je ne sais pas). On se souvient en 2016 de Lil Miquela, déjà un peu has been mais toujours active sur Instagram, un avatar 3D au comportement humain très troublant et au physique absolument terrifiant (est-ce du body shaming quand la personne n’a pas réellement un cœur et deux poumons ? Vous avez trois heures) qui se voulait être influ beauté. Résultat : elle a perdu des milliers de followers lorsque ses créateurs ont avoué qu’il s’agissait bel et bien d’un robot. Ouf, les gens ont encore envie d’être influencés par des humains. Je pense aussi à @carolthekitty sur le même réseau qui génère des fausses mannequins aux looks Y2K très léchés, ou encore à la maquilleuse Zahra qui crée des shootings faits à l’IA (alors que perso, rien ne me fait plus plaisir à voir que du vrai travail artisanal et non celui d’un ordi). Évidemment, je fais une mention spéciale à Vogue qui, dans son numéro d’août 2025, mettait en avant des top models générées par l’IA. Shooting photo, post prod, stylisme, et mannequins en eux-mêmes : imaginez le nombre de métiers à ghoster si tous les médias s’y mettaient ! Et je ne vous parle même pas de la promotion des standards de beauté irréalistes… Bref, un monde réel où l’on valorise l’immatériel, ça n’a rien de nouveau ; mais des expertises et de la créativité mises en concurrence par des algorithmes, c’est le métavers que personne n’envie, à part ceux qui en tirent profit.

L'avis d'Adèle

Par Adèle Gireau